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Marie Claude Dop, chercheure nutritionniste inspirée par la Chaire Unesco Alimentations du Monde
Qui est Marie-Claude Dop ?
Médecin de formation, spécialisée en Santé Publique, docteur en sciences, Marie-Claude Dop est chercheure nutritionniste à l’Unité Mixte de Recherche « Nutripass » (Nutrition et Alimentation des Populations aux Suds) de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à Montpellier. Elle participe notamment au projet MEDINA qui a pour but de promouvoir des systèmes alimentaires durables en Méditerranée pour la nutrition et la santé. Plus précisément, elle concentre ses travaux sur la Tunisie. Auparavant, de 2002 à 2011, Marie-Claude Dop a travaillé à la FAO à Rome (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture). Depuis son départ de la FAO, de nouvelles thématiques retiennent son attention : la biodiversité alimentaire et les liens entre agriculture et nutrition. Cela dépasse donc ses axes traditionnels de recherche liés à l’information nutritionnelle et aux indicateurs de l’alimentation et de la sécurité alimentaire. « En quoi l’agriculture peut-elle fournir une alimentation saine, diversifiée et donc nutritionnellement adéquate à la population ? » est ainsi une problématique novatrice que se pose Marie-Claude Dop.
Quels sont ses liens avec la Chaire Unesco Alimentations du Monde ?
Marie-Claude Dop a connu la Chaire Unesco AdM par l’intermédiaire des listes de diffusion de la communauté scientifique d’Agropolis. Elle participe en tant que public aux activités de la Chaire depuis mi-2012.
Le renouveau de son approche de la nutrition
Prendre part aux colloques de la Chaire a modifié le regard de Marie-Claude Dop sur sa propre discipline. En effet, le « croisement d’approches très différentes » ainsi que la « variété des acteurs, comme les chercheurs de disciplines très variées, les ONG, les entreprises, le grand public … » que fait intervenir la Chaire lors de ses activités sont « rares et très intéressants » pour Marie-Claude Dop. Participer aux activités de la Chaire a renforcé sa conviction que la « nutrition doit dépasser son approche très liée à la santé qui met trop l’accent sur des solutions à court terme ». Elle est convaincue que « c’est l’ouverture à la sociologie, à l’économie, à la gastronomie…bref à tout ce qui dépasse les visions étroites de chaque spécialité » qui permet « de développer de nouveaux paradigmes ». Elle déclare ainsi que « la nutrition ne peut faire des progrès qu’en se connectant aux autres disciplines. C’est le seul moyen de faire un meilleur état des lieux de la situation et donc de dépasser les obstacles en proposant des solutions plus pertinentes et efficaces. Par exemple, comprendre les normes sociales d’alimentation, les systèmes alimentaires, le poids des firmes du secteur agro-alimentaire amène à avoir une vision plus globale de la nutrition. C’est cette vision qui m’a poussée à m’intéresser aux rapports entre nutrition et agriculture, deux domaines souvent séparés ». Elle espère ainsi faire avancer sa discipline pour qu’elle prenne considération une plus grande variété d’approches. D’après Marie-Claude Dop, « c’est ça l’avantage de la Chaire : c’est de donner à voir plusieurs dimensions d’un problème, et de réfléchir à comment en dépasser les difficultés en prenant en compte les positions de plusieurs disciplines ». Les rencontres « en face à face » avec des chercheurs d’autres disciplines et avec des acteurs de la société civile, l’accès à des réseaux, sont des attraits supplémentaires de la Chaire pour Marie-Claude Dop.
Des voies pour améliorer le travail de la Chaire
Marie-Claude Dop suggère que la Chaire pourrait utiliser davantage les ressources scientifiques qui existent localement, à Montpellier, en termes d’agriculture durable, d’agro-écologie et de biodiversité. Elle propose également de renforcer « l’interconnexion, la complémentarité entre le Nord et le Sud, entre les riches et les pauvres, car les problèmes des uns sont liés à ceux des autres. Elle souhaite que la Chaire aborde les questions du Droit à l’Alimentation, comment il peut être mis en pratique au niveau international et national ».
Un cas pratique : l’évolution des paradigmes de la nutrition
Marie-Claude Dop rappelle que la nutrition s’est d’abord développée à partir du domaine de la santé, c’est-à-dire avec une approche médicale. « Les nutritionnistes ont longtemps négligé le rôle de l’agriculture et ne se sont pas assez intéressés aux systèmes alimentaires ». Par exemple, les carences alimentaires en nutriments sont souvent gérées par voie médicamenteuse. Les interventions de supplémentation – nutriments distribués sous forme médicamenteuse - et d’enrichissement alimentaire – ajout de nutriments à des aliments - employées dans le cadre de régimes alimentaires peu diversifiés sont des interventions largement pratiquées. Pour Marie-Claude Dop « ce ne sont que des solutions à court ou moyen terme ». Elle indique que « cela entérine les fractures Nord/Sud : on enrichit certains aliments de base des pays du Sud, plutôt qu’essayer d’améliorer leur accès à une alimentation variée et donc saine. Une approche plus holistique et plus durable est nécessaire ».
De fait, les considérations portées par Marie-Claude Dop sont en lien avec les convictions de la Chaire : nécessité de dépasser une approche unique des problématiques et réinvestir les connections entre le Nord et le Sud afin d’amener à des solutions viables et durables. Par conséquent, c’est de la dimension holistique proposée par la Chaire que Marie-Claude Dop souhaite s’inspirer. En tant que médecin nutritionniste, elle cherche ainsi à penser l’alimentation en prenant en compte les réalités agricoles des pays, les modes de vie des populations concernées et les notions de droit à l’alimentation.
En quelques mots…
Participer aux activités de la Chaire permet d’avoir une vision plus large pour mieux comprendre et mieux résoudre les problématiques liées à l’alimentation. En se détachant de l’étroitesse de chaque discipline et en intégrant les aspects sociologiques et les facteurs économiques, des visions complètes des situations et des solutions durables peuvent alors émerger.