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Quels pays africains et du Proche-Orient la hausse du prix du blé touche-t-elle le plus ?

Nicolas Bricas
Cirad, UMR Moisa et Chaire Unesco Alimentations du Monde
25 mars 2022

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La hausse du prix du blé liée au blocage des exportations ukrainiennes affecte de façon différentes les pays qui importent cette céréale. Leur vulnérabilité face à cette hausse des prix dépend :
  d’une part de l’importance du blé importé dans leur alimentation. On peut distinguer ici les pays où le blé apporte plus du tiers des disponibilités caloriques totales et qui en importent plus de la moitié, de ceux pour lesquels le blé est un aliment de complément qui apporte entre 10% et le tiers des disponibilités caloriques et enfin ceux pour lesquels le blé est un aliment marginal qui représente moins de 10% de l’apport calorique total.
  D’autre part la vulnérabilité des pays dépend de leur capacité à payer le surcoût actuel du blé. Certains des pays importateurs de cette céréale sont en effet également exportateurs de produits pétroliers (pétrole ou gaz) dont les prix sont également à la hausse.

1. Pays pour lesquels le blé contribue un aliment de base (plus du tiers des disponibilités caloriques totales) et qui en importent une part importante (plus de la moitié)

1.1 Pays non exportateurs de produits pétroliers.

Ces pays, essentiellement d’Afrique du Nord et de l’Asie de l’Ouest peuvent être considérés les plus vulnérables face à la hausse des prix du blé. Ils totalisent près de 300 millions d’habitants.

1.2 Pays exportateurs de produits pétroliers

Bien qu’importants importateurs de blé, ces pays ont une relative capacité à faire face à la hausse de son prix du fait des recettes supplémentaires tirées des exportations de produits pétroliers.

2. Pays pour lesquels le blé constitue un aliment de complément (entre 10% et 33% des apports caloriques totaux) et qui importe plus de la moitié de ce qu’ils en consomment

2.1 Pays non exportateurs de produits pétroliers

Ces pays, essentiellement d’Afrique sub-saharienne, importent des quantités significatives de blé mais celui-ci ne représente pas l’aliment de base. Il est surtout consommé au petit déjeuner et en snack et surtout en ville. Ces pays peuvent substituer en partie le blé par d’autres amylacés. On peut les considérer moyennement vulnérables ce qui n’exclue pas de possibles crises sociales en ville, où la population est déjà affectée par la hausse du prix de l’essence et du gazole.

2.2 Pays exportateurs de produits pétroliers

La consommation de blé dans ces pays occupe le même rôle que dans les précédents, mais ces pays disposent de recettes pétrolières supplémentaires. Ils sont peu vulnérables.

3. Pays pour lesquels le blé est un aliment marginal (<10% des apports caloriques totaux)

Certains médias ou discours tendent à laisse entendre que l’Afrique sub-saharienne est nourrie de blé importé, prenant le Sénégal comme exemple. Même si ces chiffres ne doivent pas cacher que la consommation de pain de blé peut être plus importante en ville qu’en zone rurale, la majorité des pays au sud du Sahara sont peu importateurs de blé. Ils sont peu vulnérables face à la hausse des prix.

Le blé n’est pas le seul produit qui connaît une hausse. Le maïs voit également son prix augmenter car c’est une céréale exportée par l’Ukraine. Mais elle peu importée dans les pays africains et au Moyen Orient. Par contre les produits pétroliers voient aussi leur prix augmenter sur le marché international et cette hausse affecte sensiblement toutes les populations à faible pouvoir d’achat de pays qui la répercuteront sur le prix des carburants à la pompe. Il faut donc s’attendre à une paupérisation des populations directement dépendantes de ces importations.

Enfin, il reste à surveiller les effets de la hausse du prix du blé et du maïs sur celui du riz, produit dont l’Afrique sub-saharienne en particulier est beaucoup plus dépendante pour sa nourriture. Il n’y a pas d’automatisme de transmission de la hausse du blé et du maïs vers le riz. Cet effet n’est pas à exclure. Le prix du riz monte depuis plus d’un an mais on ne constate pas d’accélération de cette hausse depuis l’augmentation du prix du blé et du maïs.

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